La Gazette du 13ème – Journal de quartier

La Gazou

Gazette 69 Fajardie nous a quittés

Posted by lagazou sur 8 novembre 2008


Il est mort le 1er Mai!

Quel symbole ! Lui, qui, toute sa vie, fidèle à ses convictions, s’est fait la voix des luttes ouvrières, le porte-parole du peuple des usines. Partir un 1er mai, c’est un sacré pied de nez pour un homme qui n’a cessé à sa manière, de manifester. Fils d’un libraire du XIIIe arrondissement et d’une mère capitaine de l’équipe de France de Basket-ball, Frédéric H. Fajardie, de son vrai nom Ronald Moreau, a grandi dans les livres. Les anciens du XIIIe se souviennent de la boutique du père de Fajardie, elle était située au coin de la rue Nationale et de la rue de Tolbiac à l’emplacement de la médiathèque Melville. Le « camarade » Moreau, autant libraire que brocanteur, de tempérament provocateur s’était fait une réputation sulfureuse, il aura marqué son quartier et transmis à son fils le goût de la parole libre. Le rejeton quitte l’école en seconde pour assister son père à la librairie. Plus tard il reprendra ses études et choisira l’écriture sous le nom de Fajardie. Il a choisi le roman noir comme meilleur moyen d’explorer la société : « j’ai eu le sentiment d’une filiation directe : passer du militantisme dans la rue au statut d’écrivain, c’était un moyen de continuer à exprimer mes idées ».

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Engagé à la Gauche prolétarienne, son aventure de mai 68, très agitée, sera profondément incarnée dans sa carrière d’écrivain. Son premier roman, Tueurs de flics parait en 1974, il célèbre l’apparition de son alter ego romanesque, le commissaire Padovani. D’autres suivront, de la même veine ; la nuit des chats bottés, La théorie du 1 %, romans au style sec animés d’une colère juvénile qui n’a jamais perdu de sa virulence. Nouvelles policières, romans de cape et d’épée, pièces radiophoniques, scénarios pour le cinéma et la télé, son talent est multiple. Pendant que d’autres caricaturaient à souhait l’image de mai 68, il consigne l’essentiel de son talent dans Jeunes femmes rouges toujours plus belles, manière de Chartreuse de Parme du gauchisme français.

Plus tard, tandis que les usines ferment et que l’écologie devient libérale et cotée en bourse, Fajardie raconte la mondialisation dans ce qu’elle a de plus abject. En 2003, il reste plusieurs mois sur le site de Métaleurop dans le Pas de Calais alors que cette usine de traitement de plomb va être délocalisée. Il recueille les réactions des ouvriers licenciés qui occupaient les lieux et cela donne Métaleurop, paroles ouvrières dont les droits d’auteur furent reversés aux associations locales. Le livre a été l’objet d’une rencontre à la librairie Jonas.

Le meilleur hommage à rendre à celui qui fut un « gamin du XIIIe » resté toute sa vie fidèle aux idées de son enfance, reste de découvrir ses écrits.

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