Logés dans le 13e
La Gazette a rencontré Alfred Blanchet président de l’association S.O.S. Enfants située rue du Château des Rentiers. Je remercie mon interlocuteur pour son accueil chaleureux, j’ai apprécié le climat convivial et la présentation qui m’a été faite de la petite équipe
Une histoire personnelle
C’était un jeune couple de la banlieue parisienne très impressionné par l’activité militante d’une amie proche. Un exemple fertile, une belle contagion. Si le couple ne savait pas par quel bout commencer, leur désir de « servir » ne faisait que croître.
Comme souvent, tout part des rencontres, du milieu dans lequel on évolue. Ce fut d’abord « Terre des hommes », des expériences variées dans les domaines de l’aide à la personne. Il semble que les compétences actuelles de l’association soient le fruit d’une longue pratique, comme un patient apprentissage fait de l’analyse des bilans, réussites comme échecs.

Alfred Blanchet en parle avec simplicité comme d’une école qui l’a armé pour les missions à venir. Soucieux d’acquérir les savoirs utiles à l’aide des populations, il abandonne son travail dans la restauration pour accomplir une formation d’infirmier.
En 1982, avec des amis et des anciens des associations « Terre des Hommes » et « Enfance et partage » il se lance et crée S.O.S. Enfants. Très vite il comprend que le travail en réseau apporte beaucoup à chacun, il ne cessera d’en user et d’en abuser comme il usera de la pratique du questionnement et des remises en cause.
Au fil des ans l’association s’engage sur des projets de santé, d’éducation, de formation et développement dans nombre de pays défavorisés : en Afrique, Amérique latine, Amérique centrale, Asie, mais aussi en France.
Le président confie : « pour aider véritablement, il faut ajouter du cœur à la raison ! Mais aussi un peu de déraison tant la tâche est immense et complexe ». Le mot d’ordre omniprésent est : « Aider sans assister ! » aider la personne à se relever ! Puis l’accompagner, la conseiller pour qu’elle puisse prendre ou reprendre en mains son propre avenir.
Le président confie : Il y a tant à faire avec si peu de moyens, parfois la déraison permet d’entreprendre toujours plus ! « L’esprit d’équipe » prend une importance capitale pour tout projet mis en place. Chacun va apporter le meilleur de lui-même au bénéfice de tout le groupe pour la réussite du projet. Et sourtout il faut l’implication totale des bénéficiaires du projet ! Ne pas « faire à la place de » mais au contraire « construire ensemble ». Chacun doit se sentir propriétaire de l’idée et de la réalisation du projet.
Pour qu’une action ait du sens, il faut qu’elle puisse faire changer les choses en profondeur et durablement. Ceci implique de s’attaquer à toutes les causes du problème en même temps, d’où l’importance de pouvoir aussi collaborer avec d’autres partenaires sur un même projet.
Et c’est dans ce cadre qu’un mot important va prendre tout son sens, le mot « respect »
Respect pour les personnes aidées, les partenaires, les volontaires et bénévoles, les parrains et donateurs
Il faut aussi créer un « tissu social » autour du projet, les membres de la communauté doivent se sentent partie prenante du projet et pas seulement bénéficiaires !
C’est la garantie idéale d’une optimisation de l’action et d’une pérennisation des résultats.
Ainsi dans le bidonville de la « Cité Soleil » à Port au Prince, en Haïti, nous avons construit un complexe scolaire accueillant jusqu’à 13000 enfants par jour. Pour cela nous avons embauché les parents d’élèves habitant dans ce quartier. Or lors d’évènements tragiques (échauffourées, affrontements), certaines écoles ont été brûlées dans le bidonville. Celle de SOS enfants a été épargnée car les habitants se sentent propriétaires de cette école fréquentée par leurs enfants, qu’ils ont construite de leurs mains !
Peu à peu les compétences acquises au sein de la structure sont reconnues et certaines petites associations viennent demander conseil.
Dans le dernier rapport moral le président fait preuve de beaucoup de modestie : lorsqu’on fait appel à son expérience il rappelle que : « l’expérience ne trouve son utilité que si elle permet d’évoluer pour mieux préparer l’avenir ».
En France « SOS enfants » s’investit aussi dans beaucoup d’actions en faveur des plus déshérités en partenariat avec des associations oeuvrant dans le même esprit.
Ainsi des partenariats sont mis en place entre « SOS enfants », des associations locales comme « les restos du cœur », les « sœurs de la charité », « la Chorba », « Entraide et partage » pour l’aide aux sans abris et aux familles en grande difficulté.
Dans le département 93, c’est avec « Coup de main », association fonctionnant sur le mode Emmaüs que s’instaure un partenariat avec « SOS enfants » en vue de l’insertion des Roms roumains par le travail et le logement. Il s’agit d’un important programme abordant tous les aspects du problème ; il propose des alternatives : soit une aide à la réinsertion dans le pays d’origine avec la mise en place d’un projet local de développement, soit une aide à l’insertion en France offrant plusieurs stades, de l’accompagnement simple jusqu’au « montage » d’un projet professionnel et familial. L’importance des contrats établis est gage de responsabilité et de respect.
Pour en savoir plus
En Haïti : Programme de scolarisation-formation-santé, développement (projet piscicole à Tilapia.
Au Burkina : Scolarisation, programme agro-pastoral.
Au Congo : Réinsertion des enfants soldats, enfants sorciers, enfants des rues
Au Rwanda : Réinsertion des enfants des rues et orphelins du sida.
Au Cameroun : Scolarisation des enfants pygmées, campagne d’état-civil pour la reconnaissance des droits des Pygmées
A Madagascar : Scolarisation, formation, développement.
Au Népal : Scolarisation, campagne d’état-civil pour les réfugiés tibétains.
Pour d’autres pays, Bénin, Bolivie, France, on vous conseille de consulter le site :
Campagne d’éducation au Burkina, développement d’un projet agricole dans le Sahel, une école au Népal, Prise en charge des enfants victimes du Sida au Rwanda, Formation à l’implantation de cultures à Madagascar, Citons aussi de parrainages au Burundi et bien d’autres projets scolaires, de réinsertion au Bénin, au Cameroun, au Congo, en Bolivie, à Haïti. Ce n’est qu’une énumération incomplète, nous voulions surtout donner le fil rouge qui traverse toutes ces actions pour plus de vie et d’autonomie aux peuples concernés.
Pour en savoir plus, le site www.sosenfants.org vous mènera aux 4 coins du monde
Parlons un peu finances
Il y a mille manières de soutenir l’association, de l’accompagnement à la réinsertion, à la récupération de matériel en passant les recherches de partenaires, le savoir faire technique, agricole où industriel, l’animation de mission dans les pays d’autres continents. Il y a aussi les dons occasionnels ou réguliers, les parrainages individuels et collectifs.
Il faut savoir que les dons sont pratiquement tous reversés aux projets. Les volontaires qui s’impliquent paient eux-mêmes leur voyage, assurent leur entretien, « prennent » sur leurs vacances où demandent des congés sans solde. C’est essentiel pour les donateurs de connaître cet aspect des choses.
Si le cœur vous en dit, le site vous donnera plus amples détails et la marche à suivre pour soutenir les projets, vous pouvez aussi aller les voir au 8 rue du Château des Rentiers.
Sabine revu et largement réécrit par Alfred Blanchet