La Gazette du 13ème – Journal de quartier

La Gazou

Gazette 82- Un âge d’or

Posted by lagazou sur 25 novembre 2011


Générations 13

 Décidément le 13e est un arrondissement privilégié à bien des titres.

La Gazette a rencontré Henri Pousset, président de l’association Générations13. A l’issue de la rencontre on mesure la chance extraordinaire que représente pour les retraités ce maillage d’activités ou chacun, chacune peut trouver son bonheur et bénéficier du lien qu’une pratique commune tisse tout naturellement.

Un peu d’histoire.

Notre arrondissement, en matière de santé mentale, avait bénéficié d’un secteur d’avant-garde qui constituait un modèle en matière de prise en charge sectoriel. Les docteurs Balier, Lebovici et Paumelle restent des références en la matière. Anticipant l’impact du vieillissement sur la population, considérant que les problèmes de santé des personnes âgées ne relevaient pas de la psychiatrie, ils ont ouvert l’Association de Gérontologie du 13e. Pour ces praticiens, autant que le soin, il fallait proposer des lieux de convivialité pour « mieux vieillir et mieux vivre ». Ce fut la naissance des ateliers. On doit au docteur Guillet, porteur d’une conception extrêmement dynamique de l’âge un vent d’optimisme bien salutaire.

Néanmoins, faute de financements, l’association a du cesser ses activités en 2006. Plusieurs partenaires ont repris la structure, la S.P.A.M, Société Parisienne d’Aide à la Santé Mentale prend en charge le Centre de Prévention et les hôpitaux de jour.

Que deviennent alors les ateliers ?

Par la volonté des animateurs de l’époque, avec le soutien de la Mairie du 13e, les participants des ateliers créent l’association Générations 13. La S.P.A.M. en fait un partenaire pour gérer le centre.

 Un autre regard sur l’âge

 Dans un éditorial Henri Pousset dénonce un vocable mortifère :

« J’ai envie de vous proposer un autre regard qui vient d’ailleurs. En effet, nos voisins espagnols pour dire cette réalité qu’est la retraite disent }Jubilation~. Nous partons dans le temps de la retraite, eux partent dans le temps de la jubilation. Notre mot est très négatif, il évoque le retrait, battre en retraite. On se retire comme après une bataille perdue. Nos amis espagnols se retrouvent à la casa de la Jubilacion, pour parler, se rencontrer …….. Je pense que c’est ce que nous essayons de faire à Générations 13, les ateliers que nous proposons sont autant de lieux de rencontres où nous partageons ce bonheur de vivre qui se risque à la jubilacion »

Ici, aucune référence à la gériatrie, on a l’impression d’entrer dans un centre de loisirs. A la création la structure, en 2006, ils étaient une centaine, inscrits à l’association, aujourd’hui, ils sont 450 et les ateliers se multiplient. Le bilan de l’année passée atteint 48.547  heures d’activités, quand on  mesure la variété des loisirs proposés, on se dit que chacun doit y trouver son plaisir.

Une appellation particulièrement adapté, des jeunes retraités de 55 ans aux aînés qui, parfois, approchent de la centaine, ce sont vraiment plusieurs générations qui se croisent rue Bobillot.

L’organisation apparaît comme auto-gestionnaire et chaque année la naissance d’un nouvel atelier est le fruit d’une initiative personnelle.

Tel professeur de philosophie a la retraite propose ses services, un autre, économiste propose de « décortiquer l’économie à partir d’un texte, d’un événement »

De même les randonneurs, plus ou moins sportifs, (il y a deux niveaux) imaginent entre eux des week-ends à la campagne et même des séjours dans nos belles régions, un groupe part à Belle Isle en septembre, un autre parcourut l’Ardèche au printemps dernier.

 Une perspective ouverte à toutes les aspirations

  C’est bien aux temps de la retraite que l’on peut enfin choisir et aborder des activités auxquelles on a rêvé sans en avoir le temps. Tout le monde n’a pas la chance des heureux habitants du 13e. Ici, tout ou presque devient possible y compris du point de vue du budget, nombre d’activités sont gratuites, d’autres requièrent une participation assez modeste.

L’impressionnant programme reproduit dans le dossier vous en donnera une idée. Outre une gymnastique salutaire tant du point de vue physique que mental, les rencontres sont des occasions de se faire des amis.

D’ailleurs le président raconte combien les petits cafés et restaurants du coin se félicitent de ces retrouvailles nourricières.

 Une philosophie inter-âge

Henri Pousset confie son grand projet : promouvoir une « Maison de l’âge ». Conscient que les personnes âgées ont besoin de d’être en phase avec tous les âges de la société, et que réciproquement, c’est une richesse pour les plus jeunes de nouer le dialogue avec les aînés, le président a déjà posé des pierres pour construire un dessein qui lui est cher.

Trois initiatives forment le pilier de ce programme :

*Les rendez vous de l’atelier  écrivain public, ils ont lieu deux fois par semaine et sont ouverts à tous.

*L’accueil de l’association Solidarité Nouvelle face au Chômage.

Il s’agit de l’accueil, de l’écoute et de l’orientation des demandeurs d’emploi, il est assuré par des personnes compétentes et attentives.

*Le soutien scolaire, les mardis, mercredis, jeudis à partir de 19h30 et jusqu’à 22h, les parents accompagnent leurs enfants, le plus souvent ils restent sur place et discutent entre eux. Il y a aussi de grands adolescents qui viennent aider.

 Pour une société inter-âges

Pour Henri Pousset qui rêve d’une maison des âges, ce n’est qu’un début.

Il s’émerveille de l’énergie formidable de ceux et celles qui ont choisi de se retrouver, il de réjouit de la richesse de certains échanges entre générations.

« ces gens »nous dit-il « qui ont subi tant de contraintes et viennent ici par plaisir avec un sentiment de liberté »

Pour lui, chaque ville devrait s’honorer de créer des lieux ouverts à tout les âges.

 Des chiffres à propos de la fréquentation de l’association

 Les origines professionnelles en partant de la nomenclature INSEE

–         5%  viennent de l’artisanat et du commerce

–         12% viennent du secteur bancaire

–         15% viennent de l’enseignement

–         20% viennent des professions de santé

–         48% viennent du secteur tertiaire

Sur la pyramide des âges :

–         7% ont moins de 65 ans

–         21% ont entre 65 et 69 ans

–         29% ont entre 70 et 74 ans

–         18% ont entre 75 et 79 ans

–         16% ont entre 80 et 84 ans

–         9% ont entre 85 et 95 ans

–         Et ça n’étonnera personne, 86% sont des femmes

 Une politique désastreuse.

On se souvient du centre de la rue Pirandello qui proposait aux retraités un certain nombre d’activités intéressantes et parfois ludiques.

Subventionnée par les caisses de retraite, l’AGIRD et l’ARCO, ces dernières ont décidé de suspendre ces activités pour se consacrer aux bilans de santé, conférences sur les maladies de l’âge et autre conseils de prévention. Les bailleurs, loin de reconnaître les vertus de l’activité choisie semblent réduire l’âge a son lot possible de maladies. Beaucoup de gens du quartier le regrettent.

Sabine

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